Julien Duboué nous aura nourri. Chef étoilé, serial restaurateur, chacune de ses ouvertures dévoile une facette de sa singularité. Aucune de ses adresses ne ressemble à la précédente. Ni « stratégie » ni levée de fond ne guide son aventure. Chacun de ses cinq restaurants se distingue, refuse du monde. Il s’entoure d’équipes enthousiastes ce qui lui laisse le temps d’écrire un livre de se risquer à des conférences. Jeudi dernier, il est venu rencontrer 180 dirigeants, invité par les CJD des Hauts-de-Seine. Ravi. Une anagramme de Julien Duboué ? Un doué jubile. Sa recette managériale ? Il nous l’a servie en dessert : « le gâteau, on le fait tous ensemble puis nous le partageons ». Julien intuite ce que l’économiste Gaël Giraud a observé et théorisé à l’échelle macro-économique : à trop considérer un gâteau en quantité et à en partager a posteriori les parts entre détenteurs (capitalisme) ou citoyens -selon le principe de redistribution des richesses – (socialisme), nous manquons une opportunité de réconciliation essentielle : le fruit du travail, récolté par ceux qui travaillent n’en est que meilleur ! Julien a décidé a priori de faire un gâteau en qualité collectivement lequel est redistribué parmi celles et ceux qui prennent part au travail. Julien Duboué n’a jamais cédé à la tentation du private equity malgré la persistante frilosité des banques qu’il finit pourtant par convaincre à force de conviction et d’ingénuité mêlées. Parce que les investisseurs se taillent la part léonine. Un restaurateur contemporain aux succès pluriel sans investisseur ? Hérésie ou exception qui confirme la règle. Innombrables sont les talentueux cuisiniers, locataires d’un (ou plusieurs) restaurant(s) au(x)quel(s) ils donnent tout et ne retirent rien d’un point de vue patrimonial. Julien s’investit ET investit, investit ses équipes ultra investies dans ses restaurants. Lesquels ne désemplissent pas. Lorsque « le faire à manger avec amour » devient « ce fair manager ouvre l’âme »