52 conseils pour entreprendre

Vous êtes ou vous sentez l’âme d’un entrepreneur ?  Vous voulez persévérer dans votre être ? En 1h ou en 52 semaines et autant de conseils, Jacques Birol vous emmène au 17ème siècle et dans les coulisses du management contemporain. Jacques who ? Jacques Birol ex Président de publicis Etoile puis cofondateur de Keljob.com actualise l’exégèse des maximes de Baltasar Gracian.  Ce Philosophe et brillant prédicateur aragonais meurt à 57 ans en 1658 disgracié par les autorités espagnoles à une époque où la liberté de penser s’avère…impensable.

Leçon de choses : entreprendre relève d’abord, n’en déplaise à la majorité d’entre nous, confits de béatitude devant la supposée « inconscience » de ces  entrepreneurs « têtes brûlées », relève d’abord de la prudence. De la perpétuelle évaluation du risque, de l’acceptation de la perte supportable. L’entrepreneur raisonne plus en ces termes (affordable loss principle) qu’il ne rêve de grandeurs ultérieures. Voilà pour l’alpha. L’oméga, lui, se déflore à la 52ème semaine et surprendra ceux qui regardent l’entrepreneur comme un Conquistadore obnubilé par le profit.

Entre alpha et oméga, des pépites parmi lesquelles les deux auteurs (Jacques Birol et Baltasar Gracian) nous rappellent, à 350 ans d’intervalle, l’art d’aller à l’essentiel : « le fauconnier ne jette de manger au gibier que ce qui est nécessaire pour le prendre »    ou encore l’encouragement à l’imperfection délibérée car tout esprit humain accuse « ce qui est parfait du défaut d’être sans défaut ». J’en reste là pour vous frustrer, suivant par là un des conseils prodigués par les auteurs. Et vous laisser lire l’ouvrage à loisir, devenir les orpailleurs de vos rivières mentales alimentées par les ruisseaux de vos comportements : vous verrez comme vous êtes précieux par endroits !

Jacques BIROL : pour entreprendre et innover 52 conseils éternels. Editions DIATEINO (en librairie début mars 2011) 

UNE NOUVELLE (socio-éco) LOGIQUE ?

En 2010, La Fondation Nicolas Hulot a fêté ses 20 ans …en nous projetant dans 20 ans. Ses invités, de Tim Jackson à  Ellen Mc Arthur en passant par Günter Pauli et autres  grands acteurs du monde économique, nous ont rappelé que nous avons une révolution à mener. « Nous » ? Nous, tous les sachants occidentalisés. Parce qu’informés, nous sommes investis. Alertés donc sommés d’agir.

« Révolution » ? Pas celle d’un « monde meilleur » dont la vision exalta quelques révolutionnaires passés. Un monde dont la ligne d’horizon recule au fur et à mesure qu’on avance. Non, il s’agit maintenant de rendre le monde possible. Désormais on souhaite, on désire, voire, on exige, on ne promet plus.

Comment? En renversant nos postures mentales et en expérimentant. Hier, j’ai donné un nouveau sens à une fulgurance d’Antonin Artaud : « nous recruterons bientôt des actifs bouleversés » disait-il.

Alors que Tim Jackson propose une prospérité sans croissance, Günter Pauli accompagne concrètement le Bhoutan dans la progression de son indice du bonheur.  Tandis qu’un autre intervenant suggère l’édification d’une « démocratie économique », le patron du DD de l’Oréal,  nous raconte la mise en place d’une micro-économie circulaire au sein du leader mondial de la Beauté, saluant au passage celle du monde !

Ce qui suit n’est pas un résumé des échanges extraordinairement stimulants impulsés par la Fondation Nicolas Hulot le 16 décembre 2010 mais notre point de vue que l’on souhaite à la fois contextuel et complémentaire :

La mondialisation des échanges de biens et services et la généralisation du consumérisme ne consacrent pas tant le règne du capitalisme que la primauté de l’économie sur toutes les autres nécessités humaines. L’économie ne va pas disparaître. Elle a pris le dessus sur la religion (sur Rome et les pouvoirs royaux qui s’en réclamaient) puis sur le positivisme (les régimes dits communistes – soviétique ou maoïste- avaient bâti leur idéologie sur le socle de la pensée d’Auguste Comte au moins autant que sur celle de Lénine !). Fort d’une domination séculaire et sans partage, le règne de l’économie marchande ne s’évanouira pas de sitôt : celui ou celle qui a gravi les premiers échelons de la pyramide de Maslow ne veut plus redescendre. Mais une fois dans les hauteurs, d’autres mobiles humains s’imposent et disputent à l’économie de marché sa primauté…ces mobiles sont d’ordre socio-écologiques.

On mesure désormais l’impasse économique : en suivant sa grande pulsion historique industrielle, l’exploitation, l’économie de marché ne pourra atteindre son objectif d’enrichissement généralisé. Pourquoi ? Parce que cet enrichissement repose sur un principe d’extraction, c’est-à-dire d’appauvrissement de ressources…finies ! Si chaque foyer chinois devait s’équiper d’une voiture, la Terre ne saurait nous prodiguer le zinc!

L’Humanité ne peut donc plus se faire au moyen de l’économie mais doit faire des économies de moyens.

Comment substituer à une approche binaire, où production et consommation s’annulent, un paradigme circulaire, où chaque création ou destruction  de valeur, chaque flux ou transaction doit résolument transiter par deux autres points cardinaux ?

SUR LA ROUTE DE SOI

Un confrère publicitaire, mondialement connu, Charles Saatchi, continue de tracer la route de notre contemporanéité. En ce moment, près de la gare de Lille Flandres, le Tri Postal, reconverti en lieu d’exposition, héberge une envoûtante « Route de la Soie » jalonnée des œuvres prêtées par Saatchi. Cette « Silk road » en lacets (de l’Europe à l’Inde et la Chine en traversant le Moyen–Orient) non seulement ne nous lasse mais nous enlace…sur place ! Le visiteur est frappé d’un exotisme boomerang. L’évocation du lointain est vite rattrapée par l’invocation de ce qui nous est proche.

Les artistes collectionnés par Saatchi savent à qui ils parlent. Et ont beaucoup à nous dire. Désormais mondialisé, leur art n’en est pas moins chargé d’urgences. Ainsi de ces « burqa ménagères » photographiées par l’iranienne Shadi Ghadirian ou encore des « grands de ce monde »,  gérontocrates débiles livrés, impavides, aux caprices aléatoires de leurs sièges roulants… imaginés par deux jeunes chinois.  De Subodh Gupta à Havy Kahraman, en passant par Bharti Kher, ces artistes semblent s’adresser à nous, occidentaux qui avons déclenché cette mondialisation mais ne l’orchestrons plus : « vous avez écrit la partition, nous l’interprétons à notre guise ; eh bien, dansez maintenant ».

Après une magistrale expo londonienne intitulée « the empire strikes back » ce printemps dernier, celui qui a lancé Damien Hirst et jeff Koons récidive cet automne et présente un fond encore plus important à Lille. En le contemplant, on se dit que la fièvre de la jeunesse des plasticiens indiens, pakistanais, irakiens, chinois, iraniens… exposés (ils et elles sont presque tous et toutes née(e)s  après 1970) leur fièvre donc, donne à notre société, sa juste température. L’empire contre attaque (à Londres) scénographiait la revanche artistique des indiens sur le territoire physique et conceptuel de leurs ex colons. Tandis que Silk road (à Lille) élargit à d’autres artistes orientaux ce rapport de force inversé et impose avec grâce leur cheminement sur la route de notre soi.

 

 

>>>La Route de la Soie, au Tri Postal à Lille du 20 octobre 2010 au 16 janvier 2011