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Diriger par le bon côté

« L’humanité a rendez-vous avec elle-même au XXIè siècle » martèle Patrick Viveret. Qu’est-ce qu’on attend…pour placer l’humain au cœur de nos communautés de travail ? A l’instar de ces quatre exemples :

Président-Fondateur du groupe Hervé, Michel Hervé vous conquiert par le cœur, la triple confiance que son regard recèle d’emblée : en vous, en lui-même et dans l’avenir.

Il fonde son groupe en 1972, déterminé à tuer dans l’œuf la banalité du mal, en germe dans tout système pyramidal conçu selon une chaîne de contrôles et commandements. Alors âgé de 27 ans, marqué par le visionnage du procès Eichmann quelques années plus tôt, il discrédite toute forme d’obéissance et chérit le discernement. Son libre arbitre chevillé à l’âme, il va le diffuser à ses coopérateurs. Il ne cèdera rien à la bureaucratie. Comment ? en constituant des équipes à taille humaine – une quinzaine de personnes – lesquelles équipes, regroupées par douzaine forment à leur tour un territoire soit 180 voire 190 individualités. Le groupe compte aujourd’hui une quinzaine de territoires soit 2800 collaborateurs au total.

L’autonomie sur le terrain caractérise aussi Châteauform’. En inventant, en 1996, une nouvelle façon de vivre les séminaires d’entreprise, Jacques Horovitz, renverse le crédo alors enseigné dans la plupart des écoles de management : il ne s’agit plus de postuler le travail acharné pour réussir et être heureux, non. Selon cet humaniste profondément optimiste, à l’instar de son successeur Daniel Abittan PDG du groupe comptant désormais plus de 1500 talents, il s’agit d’abord de se sentir heureux pour travailler mieux puis réussir. Préfigurant l’actuelle introduction des recettes et prêches optimistes au sein de l’entreprise, devançant de nombreuses conclusions d’études scientifiques récentes, Châteauform’ entretient dès sa genèse trois principes actifs de l’optimisme : le sacre des petits et grands succès, le culte des relations authentiques et l’éloge de la contribution. Sur ce dernier point, l’entreprise gérée par les valeurs prolonge les enseignements donnés à lire par le couple Zander dans « l’univers de la possibilité » : ce qui importe n’est plus de savoir si le verre est à moitié vide ou plein mais de s’atteler à le remplir.

A propos de verre, le cocktail gagnant inlassablement servi par le maire de Loos-en-Gohelle à ses 7000 administrés est le leur : Jean-François Caron, à contre-courant du lénifiant lâcher prise ambiant, invite ses concitoyens à « reprendre prise », à s’impliquer dans des projets follement atteignables : le toit photovoltaïque de l’église, le potager collectif entretenu par les habitants, un centre dédiés aux écoconstructions formant 200 jeunes a-scolaires…autant de « cailloux blancs » jalonnant la mise en trajectoire du bourg, future capitale mondiale de la résilience ?  La commune revient de loin. Les pionniers du redressement se sont battus « une épée dans les reins » aux dires de JF Caron lui-même (chômage et pollutions records après l’abandon des mines à la fin du siècle dernier). La population a recouvré sa dignité, condition sine qua non de l’optimisme, en inscrivant son territoire, sans le renier, dans une perspective renouvelée, en partant du réel, en coopérant tous azimuts, en accumulant les petites victoires jusqu’à la grande consécration, thérapeutique : l’inscription en 2012 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO du bassin minier Nord-Pas de Calais.

Jouer collectif paie et rend optimiste. Appartenant à ses 170 médecins, 1er chiffre d’affaires en France, la Clinique privée Pasteur de Toulouse semble aussi tenir son destin en mains. Dominique Pon la dirige tel un hyperactif bouleversé qui accomplirait la promesse lancée jadis à lui-même du haut de ses 14 ans : « quand je serai grand, je veux gagner contre le néant ». 35 ans plus tard, il fait confiance à ses 1400 collaborateurs et mise à fond sur l’humain. A peine arrivé, il obtient auprès des actionnaires un gel durable des dividendes contre un 13ème mois pour les salariés. Ici, 8 infirmiers bichonnent 15 patients soit 4 fois plus que la moyenne du secteur. D’extraordinaires initiatives du cœur fusent dans cet établissement par ailleurs leader en cardiologie : des cours de jardinage, une épicerie solidaire, des expositions installées là où les gens meurent…  D’autres salariés ont inventé les noces à l’hôpital et servent un repas cérémonieux car des gens en soins palliatifs ont besoin de se marier pour assurer la protection de leurs proches … « Le seul travail d’un manager c’est d’embrasser ses salariés, leur dire oui ! Des héros du quotidien, il y en a plein »

« libérateur » avant l’heure : Michel Hervé renouvelle l’organisation depuis 45 ans.

portrait_Michel_HervéSon regard trahit un immense appétit pour l’altérité. Son visage vous signifie d’emblée sa gourmandise de vous. Il vous aime a priori. Même s’il vient chez vous, c’est un peu lui qui vous accueille. Nous l’avons invité à déjeuner ; il honore l’invitation et délaisse les mets tant il désire nous parler, tant il nous écoute. Insatiable de l’autre.

Président-Fondateur du Groupe Hervé (2 800 salariés), Michel Hervé vous conquiert aussi par l’esprit. Cet ingénieur de formation a des Lettres. Philosophe contrarié, son management concertatif énergise ses 25 sociétés au service de l’innovation et de l’efficacité énergétique depuis 45 ans. Michel Hervé a développé une organisation fractale très originale et une philosophie d’entreprise atypique.

Je le regarde comme un être accentué, tour à tour aigu ou grave quoique soucieux de l’équilibre.

Plutôt que de raconter ce visionnaire vivant de l’entreprise vivifiante, ré-inventeur de l’organisation, pionnier des méthodes post managériales, plutôt que de vous le raconter de A à Z, prêtons-lui la lettre « e » : pour le physicien qu’il eut pu devenir, eut il obéi à l’injonction paternelle, le « e » désigne la charge électrique élémentaire. D’énergie, il déborde, en effet. A 72 ans, il préside, écrit, conférence…Il parraine aussi…l’incroyable école démocratique de Paris. Je l’y ai croisé, un dimanche (!) lors d’une journée portes ouvertes. Ce jour-là croyez-moi, il en a ouvert des portes dans les consciences de son auditoire. Non content d’avoir été un entrepreneur d’avenir depuis l’âge de 27 ans, il s’investit à son 72ème printemps, pour l’avenir de l’entreprise : persuadé que cette dernière se façonnera toujours plus avec des esprits libres, issus d’une éducation radicalement bouleversée.  « E » comme enseignant : parrain d’une école renversante, Michel Hervé est aussi professeur associé à l’Université Paris VIII. « E » comme entrepreneur car outre son Groupe éponyme, il a fondé et présidé l’Institut financier de capital risque, il préside l’APCE (l’Agence Pour la Création d’Entreprises). « E » comme élu il fut Maire, Conseiller Régional, Député, Député européen ; « e » comme européen donc car Michel Hervé a en outre présidé Europe-Tibet, Europe 99 et « e- citoyen » lorsque Président de Mission Ecoter et de Ville Numérisée, « e » comme écrivain* depuis 10 ans. « E » comme etc…jusqu’à épuisement.

Ce qui n’est pas près d’arriver : ce midi notre convive vibrionne et prouve que la jeunesse n’a pas d’âge.

Il fonde son groupe, déterminé à tuer dans l’œuf la banalité du mal, en germe dans tout système pyramidal conçu selon une chaîne de contrôles et commandements.  Alors âgé de 26 ans, marqué par le visionnage du procès d’Eichmann quelques années plus tôt, il discrédite toute forme d’obéissance et chérit le discernement. Son libre arbitre chevillé à l’âme, il va le distiller auprès de ses coopérateurs. Il ne cèdera rien à la bureaucratie. Comment ? En constituant des équipes à taille humaine d’une quinzaine de personnes lesquelles équipes, regroupées par quinzaines, forment à leur tour des territoires. Un territoire englobe donc 180 voire 190 individualités. Le groupe Hervé compte aujourd’hui une douzaine de territoires soit 2800 collaborateurs au total.  Territoires comme agences cultivent à la fois autonomie et reliance selon le vocable d’Edgard Morin. Autonomie, parce que les managers deviennent ici des catalyseurs. Ils « conduisent », au sens électrique, l’énergie de leur équipe. Au sein de celle-ci, les décisions se prennent collectivement ; Reliance parce que des journalistes internes diffusent les meilleures pratiques, les réseaux de compétences décentralisés supplantent les traditionnelles fonctions supports (RH, Finances….), un philosophe d’entreprise écoute, observe, actualise et diffuse la raison d’être du Groupe.

Le Groupe Hervé s’est implanté en pays francophones (France, Suisse, Belgique et Maroc). Le port du col tricolore s’y est progressivement imposé de lui-même. Bleu, blanc et rouge. Miche Hervé file ainsi la métaphore : le bleu du « faire » alias l’opérateur, le blanc du savoir-faire inhérent à l’analyseur et le col rouge du savoir être, propre du médiateur. Ce patriotisme d’un nouveau genre a coloré les quatre mandats consécutifs de M. Hervé alias maire de Parthenay pendant 23 ans. Ou comment réveiller les initiatives citoyennes, multiplier les actions de terrain, les liens entre administrés et agents municipaux, responsabiliser ces derniers, « numériser » sa ville en la hissant au rang des trois premières villes au monde à déployer l’Internet. Autant d’accomplissements auront poussé sur le terreau d’une triple croyance. Porté par un homme qui voudrait tant ne pas être exceptionnel. Parce qu’il s’agit de croire en soi, en l’autre et dans un monde meilleur.

 

* ouvrages parus : « De la pyramide aux réseaux », « Entreprise 2.0 »,  « Le pouvoir au-delà du pouvoir » (prix Leaderinnov 2013) »,  « Une nouvelle ère – Sortir de la culture du chef »[/fusion_text]